La télévision 2.0 : connectée ET sociale, par J-M. Dorangeon

Ordinateurs personnels, smartphones, tablettes numériques… la multiplicité des écrans interactifs éloigne peu à peu les téléspectateurs du poste traditionnel. L’arrivée de la télévision connectée devient une opportunité à saisir pour les chaînes qui cherchent à limiter l’éparpillement de leurs audiences, destructeur de valeur auprès des annonceurs.

Objectif : réduire la fuite des téléspectateurs « actifs » vers  des sources alternatifs de contenus interactifs (sites de contenus, micro-blogging, portail vidéos, réseaux sociaux…).

La télévision connectée va permettre de ramener le téléspectateur devant l’écran principal en augmentant la proximité aux programmes, grâce, notamment, aux partages d’expériences en temps réel.

Ainsi, l’an dernier, lors de la diffusion de Secret Story ou de Qui veut épouser mon fils ?, sur TF1 le vendredi en deuxième partie de soirée, les réseaux sociaux comme Facebook étaient submergés de réactions, de commentaires parfois durs, mais souvent plein d’humour… Les téléspectateurs voulaient absolument partager ce à quoi ils assistaient auprès de « leur public », sans avoir à attendre le lendemain, comme cela se faisait jusqu’alors « à la machine à café ». Aujourd’hui, plus besoin d’attendre… Simultanément à leur poste de télévision, ils se sont donc connectés à un deuxième écran pour faire part de leur expérience, auprès de leur « audience personnelle ».

Cette tendance n’a pas seulement été observée qu’en France. Elle se vérifie, par exemple dans cette étude britannique publiée le mois dernier (mars 2011), réalisée auprès d’utilisateurs d’Internet mobile âgés de moins de 25 ans…

• 8 jeunes sur 10 déclarent avoir une forme d’activité sociale en réseau (Twitter, essentiellement) tout en regardant les programmes de télévision

… Celle-ci venait confirmer une étude américaine publiée quelques semaines plus tôt :

• 1 jeune sur 3 déclare que chatter en regardant la télé est « amusant »
• 1 jeune sur 3 déclare que chatter en regardant la télé est « plus intéressant » que de seulement s’ennuyer en regardant la télé.

Demain, avec une télévision connectée, il deviendra facile de chatter sur les programmes directement via son téléviseur. L’audience des chaines deviendra plus captive. C’est tout bénéfice pour les chaînes, et plus encore pour les annonceurs : l’effet zapping, lié notamment aux coupures publicitaires et aux séquences moins fortes, sera sensiblement réduit. Et d’autant plus, si cette télévision connectée se pilote via une tablette, pour « chatter en perso ou en partagé » via le téléviseur.

Déjà, aujourd’hui 70 % des détenteurs de ces tablettes numériques l’utilisent en regardant la télévision. Pourtant, les chaînes n’offrant pas encore les outils qui les ramèneraient vers leurs contenus, elles n’en tirent aucune plus-value sur leurs rentrées publicitaires. Quant à leurs audiences, ces « live-chats » développement certes un buzz autour d’un programme mais ils ne font souvent que créer une audience fantôme qui ne se reportent pas systématiquement sur le programme s’ils ne sont pas intégrés à celui-ci. Ainsi, Carré ViiiP a généré de très nombreux échanges spontanés sur les réseaux sociaux, sans pour autant ramener les téléspectateurs vers l’émission diffusée sur TF1.

Devant les perspectives économiques, les chaînes commencent peu à peu à se connecter. Elles se lancent les unes après les autres.

Parmi les initiatives :

• TF1 propose à ses annonceurs un nouveau service qui permet aux téléspectateurs d’en savoir plus sur les produits diffusés dans les écrans publicitaires

• France Télévisions finalise un nouveau Télétexte plus interactif qui bénéficie d’une ergonomie interactive proche des pages Internet

• M6 s’apprête à installer sur son antenne le premier jeu en télévision connectée. Développé par Stéphane Courbit, Ce rendez-vous quotidien devrait apparaître le mois prochain…

Demain, avec la hausse régulière des abonnés aux boxes TV/Internet et la commercialisation des premières générations de téléviseurs connectés, les chaînes vont devoir proposer de nouvelles offres de programmes qui remettent le téléspectateur au coeur de leurs stratégies.

Une tendance à anticiper dés aujourd’hui, pour répondre à l’attente d’une télévision 2.0.

Les chiffres cités sont issus de l’article suivant : New TV and social media trend among the youth: study (Reuters)

A propos de l’auteur :
Jean-Marc Dorangeon, consultant en media strategy et program marketing sur des productions de télévision (magazines, émissions de jeux, fictions…).

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