SMC Research Awards : les lauréats du concours

Le 17 décembre au NUMA, le jury des SMC Research Awards et son Président d’honneur Benoît Thieulin ont dévoilé les noms des trois lauréats du concours. Les jeunes chercheurs remportent un prix de 2.000€ et le titre de « chercheur invité » dans une des entreprises membres du Social Media Club. Retour sur cette soirée de remise de prix et sur les travaux des lauréats.

 

 

Andria Andriuzzi

La conversation de marque, une sphère d’influence ?
Impact de la qualité de la conversation sur le bouche à oreille

Le terme de conversation est couramment utilisé dans l’univers du marketing, notamment depuis l’essor des médias sociaux et leur utilisation par les marques. Cependant, les contours de la conversation de marque sont encore incertains. Andria Andriuzzi a pour objectif d’éclairer les pratiques à deux niveaux : étudier les effets de la conversation de marque sur le bouche-à-oreille et déterminer dans quelles conditions ils se produisent.
Pour cela, Andria Andriuzzi a développé un modèle conceptuel qui établit un lien entre conversation de marque et bouche-à-oreille, avant de mener une étude netnographique de la page Facebook de la Caisse d’Epargne. Les données ont été codées puis combinées avec des données fournies par Facebook aux administrateurs de la page, puis l’ensemble a été soumis à une étude statistique.
Ses recherches ont montré que la qualité du contenu ne suffit pas pour être viral : il doit également générer une conversation de qualité pour améliorer sa visibilité et amplifier le bouche-à-oreille. Pour optimiser la présence de leur marque sur les médias sociaux, les managers ont donc intérêt à tenter d’améliorer la qualité des conversations en considérant les quatre dimensions suivantes : la fréquence, la rapidité, la pertinence et la durée.

Andria Andriuzzi est doctorant en 1ère année en Sciences de gestion (Marketing) à l’IAE de Paris – Université Paris 1 Panthéon Sorbonne.



Irène Bastard

53 shares, 82 likes par article : est-ce que Facebook discute de l’actualité ?

Est-ce que liker un article de presse est une manière de discuter de l’actualité ? Est-ce que Facebook élargit la discussion sur l’actualité à des sujets que l’on n’aborde pas en face-à-face ? Pour envisager ces questions, Irène Bastard a travaillé sur un corpus de 18.000 articles produits par 6 médias français et a collecté le nombre de share, like et comment reçus par l’url sur Facebook. A partir de ce dataset, elle a observé  que les clics se répartissent quotidiennement entre un share régulier, pratique informationnelle ; et des likes et comments irréguliers, répondant à certains sujets dans des pratiques relationnelles.
Par rapport à l’audience des articles, la discussion sur Facebook se concentre sur certains sujets comme les sujets militants ; mais le like peut également ouvrir des appréciations sur des sujets plus distants et émotionnels. Ce qui conduit Irène Bastard à formuler l’hypothèse de deux types de publics sur Facebook : un public lecteur et un public « tchatcheur ».
Actuellement en troisième année de thèse, la doctorante veut d’abord montrer que l’étude des publics est rendu opérante par les données disponibles en ligne, même si celles-ci sont partielles. La sociologie des médias peut donc approcher des pratiques de réception par différentes méthodologies. Pour les rédactions, c’est l’occasion de questionner la place des journalistes non pas seulement comme gatekeeper de l’espace public, mais comme interlocuteurs des publics ordinaires : le journaliste doit-il discuter avec son public ?

Irène Bastard est doctorante en 3ème année en Sociologie à Télécom ParisTech.

Grâce aux SMC Research Awards, elle sera accompagnée dans ses travaux par The Metrics Factory, partenaire du concours, qui lui permettra de créer une base de données ad-hoc sur son sujet de recherche en mettant à sa disposition un data scientist et son équipe technique.


 

Baptiste Kotras

Des opinions qui (se) comptent.
Influence, visibilité et hiérarchisation des opinions sur le web

Comment les prestataires en social media listening produisent-ils des descriptions stabilisées de l’opinion sur le web, à partir de grands volumes de données conversationnelles non maîtrisées a priori ? Autrement dit : comment sont conçus et justifiés par ces acteurs les critères permettant de sélectionner et trier les données récoltées ? C’est le paradoxe auquel Baptiste Kotras s’est intéressé.
Il a raisonné pour cela par analogie avec l’enquête par sondage qui, par la technique de l’échantillon représentatif, permet d’une part la réduction d’une population-cible (i.e. « les Français ») à une population-test beaucoup moins nombreuse ; dans le même temps, le recours à des variables telles que la CSP, l’âge, ou le lieu de résidence, performe une description catégorisée du social.
Sur le web, les analystes ne peuvent renseigner ces variables, et doivent donc construire des critères alternatifs. En étudiant les sociétés Linkfluence, Scanblog et Synthesio, le jeune chercheur a examiné la construction de deux critères d’échantillonnage alternatifs, deux propriétés mesurées par les analystes et attachées à l’expression des internautes : l’ « influence » et la « visibilité ».
L’occasion de montrer ce que les catégories du codage font aux données analysées et aux descriptions du réel, et par la même occasion que le marketing viral fonde également la pertinence des techniques d’échantillonnage de l’opinion sur le web.

Baptiste Kotras est doctorant en 3ème année en Sociologie à l’Université Paris-Est Marne-La-Vallée.

 

Et des dizaines d’autres articles de jeunes chercheurs


Le droit à l’oubli, le management et l’engagement des communautés, les sites de rencontre comme supermarchés de l’amour, l’économie de la recommandation en ligne,
les négociations entre éditeurs de presse et Google, le self-design sur Twitter… A l’occasion des SMC Research Awards, près de cinquante jeunes chercheurs nous ont transmis leurs travaux. Ceux-ci seront progressivement diffusés ces prochaines semaines sur notre site ! Pour en être informé, inscrivez-vous à notre newsletter.

En attendant, retrouvez ici la liste complète des articles et de leurs auteurs.