alban martin

4
Juil

Digital + Humanities : rencontre entre les sciences humaines et sociales et le marketing digital

Le digital : de nouveaux usages, de nouveaux phénomènes, de nouvelles représentations. Autant de sujets que l’on imagine connaître déjà, voire maîtriser, mais qui prennent une coloration différente lorsqu’ils sont appréhendés par le monde de la recherche. Face à  l’univers très professionnalisé, régi par des impératifs économiques, des « experts numériques », il semble en effet utile de convoquer un autre regard, celui des sciences humaines et sociales. Lire la suite

20
Mai

Le crowdfunding crée-t-il du lien social ?

Le crowdfunding crée-t-il du lien social ? le 8 juin à La Cantine - Social Media Club France et Kiss Kiss Bank Bank

La plateforme Kiss Kiss Bank Bank et le Social Media Club France s’associent pour vous proposer un évènement sur le thème : « Le crowdfunding crée-t-il du lien social ? Les marques ont-elles un rôle à jouer ? ». Le mercredi 8 juin, à 18H30 à La Cantine. Lire la suite

17
Jan

[VIDEO] Médias sociaux et représentation démocratique

L’intégralité de la conférence « Médias sociaux et représentation démocratique : un imaginaire de transparence et de démocratie directe ? » organisée par le SMC France le 12 janvier dernier est désormais disponible au format vidéo. Interventions de Patrice Flichy (ci-dessus), Dominique Cardon, Alban Martin, Geoffroy Boulard et Philippe Mouricou.
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12
Jan

Les présentations de la conférence "Médias sociaux et représentation démocratique"

Intervenants :
  • Dominique Cardon, chercheur au laboratoire Tech-Sense d’Orange et auteur de « La démocratie internet »
  • Patrice Flichy, Professeur de sociologie à l’université Paris-Est Marne-La-Vallée et auteur de « Le sacre de l’amateur »
  • Alban Martin, Maître de conférence associé au celsa ParisIV Sorbonne et auteur de « Egocratie et Démocratie : la nécessité de Nouvelles Technologies Politiques »
  • Geoffroy Boulard, adjoint au maire du 17ème arrondissement
  • Philippe Mouricou, conseiller d’arrondissement, élu du XVème

Live-tweet sur #smcf

3
Jan

La "démocratie participative" : feinte d’écoute et misère conceptuelle

medias-sociaux-representation-democratique-smcfrance

On a entendu parler récemment de tout ce qui se rapproche de « démocratie participative » ou de « démocratie de proximité ». On ne peut donc pas dire que la réflexion sur les technologies politiques n’existe pas. Sauf que ces notions sont trop larges. Quand on souhaite appliquer ces mécanismes d’écoute, de mise à contribution, on les applique actuellement d’une manière qui est un peu galvaudée, sur un champ qui est soit trop restreint, soit sous forme de communication politique. Lire la suite

17
Déc

[Conférence] Médias sociaux et représentation démocratique / mercredi 12 janvier à La Cantine

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Le Social Media Club France organise le 12 janvier 2010 à 19h00 un atelier-conférence sur le thème suivant : Médias sociaux et représentation démocratique, un imaginaire de transparence et de démocratie directe ?

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3
Juin

"Citoyens connectés": les technologies au service de l'activisme et de la mobilisation, compte-rendu de la table ronde Web Diversity 2010

SMC Web Diversity

Crédits photo: Pierre Desmarest

L’explosion des médias sociaux et des outils de publication personnelle ont donné à des citoyens ordinaires les moyens, au moins potentiellement, de participer au débat dans l’espace public. Les technologies, par le biais de la mise à disposition d’outils d’expression, de communication mobile, de partage et de mobilisation en ligne, participent donc d’un « empowerment des citoyens » et d’un renouvellement des répertoires d’action politique et militante. Le 21 mai dernier, à l’occasion de la journée de conférences Web Diversity 2010 organisée par Internet sans Frontières à la Maison des Métallos, le Social Media Club a réuni Olivier Blondeau, Laurence Allard et Tangui Morlier en une table ronde animée par Alban Martin pour discuter autour de cette thématique.

Olivier Blondeau a commencé par nous rappeler que l’exploitation des technologies par des activistes a tout d’abord pris la forme de détournements, de réappropriation des outils pour dénoncer leur utilisation première.
Ainsi, dès 1996, les Surveillance Camera Players organisaient des représentations théâtrales publiques devant des caméras de vidéo-surveillance, afin de protester contre leur prolifération en milieu urbain.

La dénonciation des dérives de la société de surveillance reste prégnante dans les réalisations des activistes en ligne. En témoigne le projet du collectif anglais Irational qui en 2000 mit en place un dispositif de délation citoyenne de la délinquance, pluggé à un flux de vidéosurveillance de la ville de Glasgow diffusé sur leur site. Notons que cet outil a réellement été mis en place au Texas et en Europe : les sites Texas et European Border Watch proposent aux internautes de signaler par email et en temps réel tout immigrant clandestin repéré sur le flux vidéo mis à disposition en ligne, dans une inquiétante logique de « crowdsourcing de la surveillance »…

Outre le message porté par ces dispostifs artistiques en ligne, ces réalisations sont vite apparus comme de formidables outils au service des citoyens désireux de déjouer les mécanismes de surveillance mis en place sur l’espace publique, donnant lieu à un véritable maptivism visant à répertorier les outils et mécaniques de surveillance mis en place par les autorités.
Les ingénieurs de l’Institut for Applied Autonomy mettent par exemple à disposition sur leur site Isee des plans des grandes villes américaines afin qu’en s’y référant tout habitant en quête de discrétion puisse éviter les caméras de surveillance lors de ses trajets quotidiens.
Ricardo Dominguez et son collectif d’« artivists » The Electronic Disturbance Theater (EDT) ont quant à eux développé l’outil Transborder immigrant tool: une application mobile pour les candidats à l’immigration Mexicains utilisant les technologies de géolocalisation afin d’éviter les patrouilles à la frontière. Ricardo Dominguez parle de cet outil comme d’un « dislocative media », utilisant la géolocalisation non par exemple comme Foursquare à des fins d' »autosurveillance monitorée » (je renseigne les autres du lieu où je me trouve) mais pour mieux contrer la surveillance des autorités.

Transborder Immigrant Tool

De façon plus générale, ces exemples illustrent également la notion de « sousveillance » proposée par le militant Steve Mann et plusieurs fois convoquée lors de cette table ronde: elle met en lumière le phénomène de « surveillance des surveillants » au travers de contre-outils visant à surveiller les systèmes de surveillance eux-mêmes et les autorités qui les contrôlent. Des individus collectent ainsi des données sur leur environnement de surveillance et les mettent à disposition de tous en ligne.

Pour Olivier Blondeau et Laurence Allard, ces initiatives d’artistes et d’ingénieurs, activistes de la cause mais non engagés en politique, sont à l’origine d’un élargissement du champ politique aux problématiques liées à la surveillance mais surtout aux données publiques et à leur transparence.

En témoigne la création de la plateforme data.gov aux USA qui, dans un souci de transparence, met à disposition les données publiques dans des formats réutilisables par les citoyens.
On attend toujours un projet de ce type de la part de l’administration française… En attendant, des initiatives citoyennes voient le jour, et des « civic hackers » se chargent d’utiliser les outils des NTIC pour enrichir la vie citoyenne. Le code informatique, les données (publiques ou personnelles) et leur mise en visibilité sont leurs armes. Le site Nosdéputés.fr en est un bon exemple. Tangui Morlier du collectif Regards Citoyens est revenu plus en détail sur ce projet dont il est l’initiateur.

Les créateurs de Nosdéputés.fr ont mis à l’été 2009 leurs capacités techniques au service de la création d’un dispositif de mise en visibilité de l’activité parlementaire, en récupérant, mettant en forme et synthétisant les données publiques issues des séances de l’Assemblée Nationale. L’activité de chaque député est donc suivie quotidiennement et l’internaute a ainsi accès à une plateforme centralisant toutes les données et informations sur la présence, les prises de paroles et la nature des travaux legislatifs des représentants.

NOS DEPUTES

L’objectif premier est de créer un outil d’aide au citoyen, non partisan, reflétant objectivement l’activité des élus. Mais comme le fait justement remarquer Tangui Morlier, cet outil est également la condition préalable à un empowerment du citoyen, comme en atteste la possibilité de dialogue avec les élus, par le biais de commentaires a posteriori de l’activité des parlementaires, mais surtout la création de la plateforme « Simplifions la loi 2.0 » qui encourage les débats a priori, autour des projets de loi en discussion à l’Assemblée.

Au delà de l’observation et de la participation aux débats parlementaires, Laurence Allard nous a expliqué pour finir en quoi les technologies représentaient également un véritable arsenal au service de la mobilisation et de l’activisme citoyen.
Les technologies du web 2.0 et du mobile fournissent en effet des armes pour pouvoir s’impliquer dans la politique non plus par la simple et traditionnelle distribution de tracts, mais dans une logique beaucoup plus individualiste, par des actions aussi simples que d’envoyer un SMS ou un tweet en temps réel à des militants également connectés, permettant ainsi de déclencher de véritables actions dans le monde réel.

D’une part, les fonctionnalités « 2.0 » offrent une multiplicité d’outils d’expression en privilégiant les microformats: écrire sur les médias digitaux n’équivaut pas forcément à rédiger un billet de blog, mais peut se manifester par différentes procédures simplifiées (ajout aux favoris, bouton « j’aime »…) et néanmoins faire sens.

D’autre part, l’outil mobile peut être un puissant vecteur d’organisation du fait de sa masse critique d’utilisateurs : si le chiffre de 1,7 milliard d’internautes à travers le monde est déjà impressionnant, on dénombre 4,6 milliard d’abonnés mobiles, dont 60% dans les pays émergent… Comparés aux 3 milliards des médias TV et radio, ces chiffres en font en font donc le premier média personnel.
cet outil individualisé d’expression peut donc s’avérer être un formidable canal alternatif dissident au service d’une mobilisation aussi bien locale qu’internationale.

Laurence Allard a évoqué pour illustrer son propos la mobilisation de 2001 aux Philippines qui a conduit à la démission du président Estrada. L’usage du SMS étant extrèmement répandu dans ce pays (2 millions de SMS/jour), le collectif TXTPower a su utiliser au mieux les capacités de coordination des citoyens via le mobile pour organiser manifestations et rassemblements afin de protester contre le pouvoir en place.

En Egypte le groupe du 6-Avril, mouvement informel oeuvrant contre les censures et pour la liberté d’expression, est un collectif articulé par les technologies digitales dont les outils ont permis à ses militants de mettre en place, en cas arrestation d’un des leurs, un réseau d’alertes et une hotline pour donner les moyens à chacun d’organiser sa défense et de contacter au plus vite un avocat.

Lors des récentes élections américaines, on a vu pour la première fois apparaître sur Twitter l’usage du hashtag (#votereport), canal sémantique permettant de discuter autour d’un évènement particulier et qui a mis en lumière la facilité de centraliser la production de rapports sur les irrégularités dans les bureaux de vote.

USHAHIDI

Enfin, des dispositifs plus sophistiqués voient le jour. Articulation de la sousveillance et de la mobilisation, l’application Ushahidi permet par exemple l’envoi par SMS ou e-mail de rapports géolocalisés sur une carte mise en ligne et actualisée en temps réel. L’outil permet le crowdsourcing de la communication de crise en cas de catastrophe naturelle, mais aussi, dans la même veine que le VoteReport aux USA, le monitoring d’élections dans les pays susceptibles d’être touchés par la fraude, comme ce fût le cas lors des éléctions au Kenya dès 2007 avec une mise en visibilité en ligne (un mapping) des problèmes constatées par les citoyens.

C’est en Iran que cette mobilisation en ligne a eu le plus d’écho au delà des frontières et où les technologies ont permis (en partie) de donner à la mobilisation une dimension internationale. Les informations diffusées par les manifestants étant relayées dans leurs pays respectifs par la diaspora, les journalistes ou simples citoyens du monde entier ont pu suivre les évènements et se tenir informés de l’avancée des manifestations.
Mieux encore, une véritable solidarité technique transnationale s’est mise en place sur les réseaux pour permettre aux militants Iraniens de faire sortir leur contenu (photos, vidéos…) du pays en toute sécurité par le biais de proxies sécurisés. Ne cédons toutefois pas à un techno-euphorisme naïf (« la révolution sera tweetée »!!): les réseaux restent surveillés et les pouvoirs oppressifs ont très bien compris les enjeux (et les dangers les concernant) en terme de communication et de circulation de l’information liés à ces nouvelles technologies web et mobile.

La pervasivité des informations due à la puissance de propagation des microformats et l’étendue du « mobile scape », espace transnational limité par la couverture du réseau et tramé par les flux de données en constante circulation, expliquent donc l’utilisation récurrente de ces nouveaux outils aux quatre coins du monde. Les technologies demeureront sans nul doute les armes pacifiques utilisées par des citoyens désireux de s’organiser au service d’une cause, de faire fléchir un gouvernement, ou simplement de défendre leur droit le plus élémentaire: s’exprimer librement.

La capture audio de la table ronde est disponible en téléchargement sur le site d’Alban Martin.

7
Mai

« Les citoyens connectés », un atelier du Social Media Club France le 21 mai prochain à l'occasion de Web Diversity 2010

Alban Martin, cofondateur du Social Media Club France, animera un atelier le 21 mai prochain à 11h30 à la Maison des Métallos, à l’occasion de la journée de conférences Web Diversity 2010, organisée par l’association Internet Sans Frontières en partenariat avec le SMC France.

« Les citoyens connectés : les outils au service de l’action citoyenne et militante »

L’explosion des médias sociaux et des outils de publication personnelle ont donné à des citoyens ordinaires les moyens, au moins potentiellement, de participer au débat dans l’espace public. Les technologies, par le biais de la mise à disposition d’outils d’expression, de communication mobile , de partage et de mobilisation en ligne , participent donc d’un « empowerment des citoyens » et d’un renouvellement des répertoires d’action politique et associative.
Les 3 intervenants aborderont donc les enjeux de cet activisme en ligne et les outils sur lesquels reposent ces nouveaux modes d’engagement sur les réseaux web et mobiles.

Alban Martin, co-fondateur du Social Media Club France, animera les débats en présence de :

Tangui Morlier
Co-fondateur du collectif Regardscitoyens.org

Olivier Blondeau
Consultant en communication politique, docteur de l’IEP de Paris

coauteur avec Laurence Allard de l’ouvrage « Devenir média. L’activisme sur Internet entre défection et expérimentation » (Éd. Amsterdam, 2007)

Laurence Allard
Maître de Conférence en sciences de la communication à l’Université Lille 3

auteure de Mythologie du Portable (Éd. Le Cavalier Bleu, 2010)

Plus d’infos sur la journée :

A l’occasion de la Journée mondiale de l’Unesco de la diversité culturelle pour le dialogue et le développement, l’association Internet Sans Frontière et la Maison des Métallos organisent la première édition de « Web Diversity », une Conférence sur la liberté d’expression sur internet, et les nouvelles formes de journalisme.   Une journée pour débattre et échanger à partir d’expériences concrètes, pour prendre la mesure des enjeux liés à la liberté d’expression sur Internet et à la lutte contre la fracture numérique dans la vie des citoyens du monde.

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Le 21 mai 2010  de 9h00 à 17h00 A la Maison des Métallos 94, rue Jean-Pierre Timbaud 75011 Paris

Destinée au grand public,  aux journalistes et médias, aux entreprises citoyennes, aux acteurs de l’Internet, aux élus, aux acteurs publics, aux étudiants, aux universitaires, aux Ongs travaillant sur les questions liées aux Droits de l’Homme.

Cet événement est organisé par l’association Internet Sans Frontières et la Maison des Métallos, Etablissement Culturel de la Ville de Paris, en partenariat avec Médiapart.fr, Solidaires du Monde, le Social Media Club France, l’Agence Mondiale de la Solidarité Numérique, Reporters Sans Frontières, le Club Avvéroes, Alcatel-Lucent, France 24, l’Atelier des Médias/RFI, Wmaker, Internews Europe, Silicon Sentier, l’Internet Society France (Isoc France).

Avec  (à ce jour) :
Edwy Plenel, Médiapart, Pierre Puchot, Mediapart, William Bourdon, avocat et fondateur de Sherpa, Jérémie Zimmerman, la Quadrature du Net, Olivier Iteanu, Internet Society France, Lucie Morrillon,  Reporters Sans Frontières, Julien Pain, Les Observateurs France 24, Laurent Giacobino, Internews Europe, Elsa Caternet, Internews Europe, Jean Pouly, Agence Mondiale de Solidarité Numérique, Nadia Mordelet, Alcatel-Lucent, Jean-Patrick Ehouman, Akendewa/Barcamp Abidjan, Yves Miezan-Ezo, Internet Society France, Christophe Ginisty, Internet Sans Frontières, Alban Martin, Social Media Club France, Olivier Blondeau, Consultant en communication politique, Laurence Allard, Maître de Conférence en Sciences de la communication Université de Lille 3, Tangui Morlier, Regardscitoyens, Arache Djannati-Atai, Move4Iran, Guillaume Desnoes, AiderDonner, Nathan Stern, Peuplades…

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Les thèmes abordés au cours de cette journée seront les suivants :

  • Internet, et l’enjeu démocratique,
  • Internet, un nouveau monde. Mais quelles nouvelles règles ?
  • La lutte contre la fracture numérique dans le monde, préalable à la liberté d’expression
  • Les citoyens connectés : les outils au service de l’action citoyenne et militante
  • Le Web 2.0 au service de la solidarité
  • Vivre avec la censure
  • Vers une déclaration universelle des droits des internautes ?

A cette occasion, l’Atelier des médias de RFI (Radio France Internationale) délocalisera exceptionnellement son studio d’enregistrement, et animera son émission hebdomadaire sur place, depuis le bar-mezzanine de la Maison des Métallos.

Entrée : 13 €
Inscription et réservation en ligne.

Restés connectés sur Facebook et Twitter.

Retrouvez toutes les informations pratiques sur le blog : www.webdiversity2010.org

19
Avr

Et toi, tu télécharges ? Industries du divertissement et des médias à l'ère du numérique – l'introduction du dernier ouvrage d'Alban Martin

Voici en exclusivité l’introduction du dernier ouvrage d’Alban Martin (cofondateur du Social Media Club France) Et toi, tu télécharges? qui vient de paraitre aux éditions Village Mondial.

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2005-2010, et après ?

Cinq ans après la rédaction de L’Âge de Peer, dont le présent ouvrage constitue la seconde édition, on ne peut que constater l’importance du chemin parcouru en si peu de temps. Tout d’abord, l’ampleur de la mise à jour nécessaire pour cette nouvelle édition montre que le dynamisme et l’innovation sont devenus des réalités concrètes pour les acteurs de la musique, du cinéma, des médias et des jeux vidéo. Leur rythme d’évolution semble de plus en plus calqué sur celui des nouvelles technologies, plutôt que sur celui de la culture.

Ainsi, il m’a fallu réécrire plus des trois quarts du présent ouvrage ! Afin de tester par nous-mêmes la maxime qui servait de sous-titre à la première édition du livre – « quand le choix du gratuit rapporte gros » –, nous avions tenté l’expérience éditoriale du gratuit : le jour de sa sortie en librairie, L’Âge de Peer était entièrement et librement disponible sur Internet, au format audio intégralement chapitré. De nombreuses présentations visuelles illustrant les idées les plus marquantes du livre étaient également disponibles librement sous des licences autorisant la copie, sur des sites tels que Slideshare.net. Enfin, les exemples les plus parlants donnés dans le livre ont fait l’objet d’articles sur mon blog (cocreation.blogs.com) pendant deux ans.


Ces cinq années de recul viennent confirmer la maxime du « gratuit qui rapporte gros », même lorsqu’un produit – ici, le livre – est proposé à la vente en parallèle. En effet, en deux ans, 300 000 pages ont été vues sur mon blog, 25 000 téléchargements de la version audio du livre (et sans doute plus via les réseaux peer-to-peer) ont été effectués, et 15 000 visionnages de présentations en ligne ont rendu nécessaire une réimpression du livre, puis la publication de la seconde édition mise à jour que vous avez entre les mains.

Penser le livre et sa version numérique de manière complémentaire (comme l’album CD et le MP3 qui en découle, ou le DVD et le DivX) ouvre des portes plutôt que d’en fermer. Ainsi, à l’heure de l’abondance de contenus sur Internet, et de l’omniprésence de la gratuité, et malgré le discours ambiant, on n’a jamais autant payé la musique ! Depuis le développement des échanges peer-to-peer, et plus récemment, de MySpace et YouTube, le mélomane n’a jamais autant dépensé d’argent dans des produits musicaux ! Certes, le format album CD connaît des difficultés, après vingt ans d’exploitation, avec des revenus qui diminuent de 10 à 15 % par an. Mais le relais de croissance a été pris par les revenus tirés des concerts, qui explosent depuis 1999, et de la musique numérique, dont la part dans les revenus des maisons de disques est passée de 0 % au tournant du siècle à 25 % dans certains cas ! Les reversements relatifs à la diffusion publique des oeuvres – comme ceux liés aux diffusions radiophoniques, par exemple – ne cessent également d’augmenter. Lorsque toutes les sources de revenus sont cumulées, personne ne peut plus oser parler de crise, mais plutôt d’une mutation de la demande, qui reporte certains achats sur de nouveaux formats, plus qualitatifs ou plus uniques. L’exemple de Radiohead, dont la mise à disposition gratuite de l’album In rainbows a permis d’engranger d’importants revenus, lève les derniers doutes qui pouvaient subsister.

L’industrie cinématographique a connu également en 2009 un record pour la fréquentation des salles, les 200 millions d’entrées payantes ayant été dépassées pour la première fois depuis 1982. À la question « dans le cinéma français, y a-t-il aujourd’hui des films qui ne sont pas tournés à cause du piratage ? », Nicolas Seydoux, porte-parole de l’industrie cinématographique, peut ainsi répondre sereinement : « Au 1er novembre 2009, non, parce que le piratage est un risque supplémentaire, par rapport au risque de se dire “je fais ou je ne fais pas ce film” ; ce n’est pas encore le piratage qui fait qu’il ne se fait pas1. » L’intérêt renouvelé pour les films en salles, via notamment l’utilisation de la tridimension, permet d’éviter la concurrence frontale du gratuit sur Internet.

Les médias quant à eux trouvent dans la publicité en ligne un modèle économique clé en main pour financer leur activité. Et le dynamisme dont fait preuve ce secteur en France s’est traduit ces dernières années par de remarquables succès, même dans le domaine payant. Ainsi Mediapart est-il un titre de presse 100 % en ligne, avec une rédaction composée de trente journalistes professionnels. Le journal ne vend pas de version papier, uniquement un accès en ligne à tous les articles, moyennant un abonnement. L’atteinte du point mort deux ans après son lancement, grâce aux 28 000 abonnés, permet de tracer une nouvelle voie pour les médias en ligne, émancipés de la dictature de l’audience à tout prix. Le paysage de l’entertainment a donc beaucoup évolué depuis 2005, où l’on ne parlait pas encore de YouTube, ni de Facebook, ni encore de l’iPhone. Ce dernier a d’ailleurs bouleversé la distribution des jeux en ligne, puisqu’un quart des 25 000 applications gratuites ou payantes de l’application store sont des jeux. À ce jour, les 30 millions d’iPhone et de baladeurs  iPod Touch vendus représentent l’équivalent de l’arrivée d’une nouvelle console sur le marché – puisque 18,6 % des propriétaires d’iPhone ont téléchargé un jeu payant en janvier au Royaume-Uni selon Comscore, contre 2,7 % pour un propriétaire de mobile normal. Ce marché devient de plus en plus mature, avec des modèles économiques mélangeant avantageusement gratuit, payant, connectivité et jeu à plusieurs.

Mais l’innovation qui a marqué ces cinq dernières années est, selon moi, l’entrée flagrante des internautes dans le système de création de valeur de l’industrie du divertissement. En 2010, nul ne peut plus nier l’apport que représente la participation de la communauté dans la création, la production ou encore la promotion d’une oeuvre. Les modèles d’affaires partageant les droits d’édition ou de production avec les amateurs avertis constituent une alternative crédible et bien souvent complémentaire à l’heure du numérique : Mymajorcompany, Touscoprod, Wehaveadream, Peopleforcinema, etc., sont quelques témoignages de la valeur apportée par les clients, lorsque le système est pensé autour d’eux. L’équité et la redistribution des droits semblent séduire des internautes que l’on croyait pourtant « rebelles au droit d’auteur ».

En effet, ces cinq dernières années ont été également le théâtre de différentes batailles législatives, pour lesquelles beaucoup d’énergie a été dépensée, au nom de la création et des artistes. Dadvsi ou encore Hadopi – puis Loppsi prochainement – viennent renforcer le dispositif de « riposte graduée », allant du courriel d’avertissement à la coupure de connexion à Internet, comme si les internautes avaient entamé une croisade contre le droit d’auteur, et qu’il fallait contreattaquer. Or, cette vision conflictuelle n’est l’apanage que d’une minorité, et les 4 millions de Français téléchargeant au dernier recensement sont loin de le faire dans un esprit de « conquête », mais bien plus dans une démarche pragmatique : ils s’en détournent dès qu’un mode plus pratique et plus fiable leur est proposé, comme le montre l’explosion de la vidéo accessible à la demande via la télévision, en appuyant simplement sur une touche.

Ce sont souvent les personnes les moins bien équipées du point de vue informatique qui feront l’objet des plus dures représailles, alors que les professionnels du piratage qui monétisent cette activité depuis l’étranger restent intouchables. En outre, la cause économique que ces nouvelles lois sont censées défendre est tout à fait discutable. Comme il est expliqué dans le chapitre 7, chiffres à l’appui, les artistes ont pleinement profité de l’abondance et de l’accessibilité de leurs contenus sur la toile, et la musique n’a jamais été autant rémunérée.

Dès lors, si je pouvais affirmer qu’il était « trop tôt pour légiférer » en 2005, je pense qu’il est trop tard en 2010 pour espérer « copier/coller » dans le monde numérique des principes de droit issus du monde physique. Michel Serres a démontré que le numérique était un nouveau territoire, avec peu de repères, bousculant par conséquent des années, voire des siècles de structuration. Il est impensable d’appliquer les anciens principes ou recettes lorsque le référentiel est complètement différent. Le droit d’auteur et le modèle économique de la décennie à venir se penseront à partir de ce nouveau territoire, et pour ce territoire spécifiquement. C’est à cette seule condition que nous trouverons des solutions justes et équitables pour tous les acteurs.