Social media et lien social, par Laurent Blondeau

lien

Un club c’est d’abord pour générer du lien social. Et en ces temps douteux, où les repères n’existent plus vraiment (cycle de vie, valeurs, normes, méthodes et valeurs sûres), l’échange est capital. Et en disant ça, l’idée est lâchée : l’échange. Un club c’est bien entendu pour s’y retrouver entre « membres », plus ou moins initiés, mais surtout y créer de l’échange. C’est en venant de différents horizons, univers, expériences, générations… que la mayonnaise prend. Le Social Media Club s’y entend à proposer des rencontres autour de ce lien social, pour y créer ensemble les idées collaboratives de demain. Avant, il y avait le café de Flore et ses philosophes, le Social Media Club a créé ainsi la « socialosophie », une forme de « sagesse sociale« , qui réfléchit aux interactions rendues possibles par les médias, rendus « sociaux ». Et ça n’est pas rien : une forme de mouvance temporaire, silencieuse et en veille pour y détecter l’évolution de nos relations avec l’autre, marque ou individu… Pas convaincu ? Il y a pourtant tant d’adoptions déjà du phénomène « media social », qui sont déjà devant nous… Quelques exemples :

> Rappelez-vous récemment de la marque Gap, qui a tenté de changer son logo… en vain et qui sous la masse et surtout la rapidité des plaintes de ses fans et clients, a du faire machine arrière en 7 jours… mettant à la poubelle les travaux créatifs de l’agence créative… Imaginez si il n’y avait pas eu cette possibilité d’identifier rapidement ce problème et qu’ils avaient donc produit tout avec le nouveau logo…? eh bien, ils auraient cette fois compté leurs invendus par millions. Alors ça sert à rien le social media ? Gageons que bientôt, ce seront les fans qui feront eux-mêmes le nouveau logo dans un concours organisé par la marque…Disposer de tant de chefs de produits pour rien et ne pas s’en servir…

> Je flashmob : si les communautés n’étaient pas « liées » via Internet, comment aujourd’hui serait-il possible en quelques heures de réunir autant de personnes, pour une oeuvre créative de quelques minutes, en alliant confiance, rigueur, précision, mais spontanéité ? le media social. Tout le monde regardant et participant à ces medias, en prenant part à la discussion (ici un mouvement de « corps » autour d’une cause, pause ou moment créatif). Sympa, gratuit et en plus on y fait des rencontres…

> le social media citoyen : les exemples sont légion sur le rôle citoyen d’applications comme twitter, pour sauver, avertir, retrouver, soutenir une cause, défendre… la police, les pompiers, les « lost and found« ,… autant de mouvement citoyens facilement exprimables par le media social, sans effort en toute rapidité. Les journalistes y trouvent nombre de sources légitimes et crédibles, parfois bien plus rapidement que les rédactions pourtant sur le qui-vive…

> doit-on encore présenter le « lien socialo-amoureux » et le dramatique chemin pour aujourd’hui parvenir à communiquer, trouver l’âme soeur, en toute sérénité…? Meetic fait partie des réussites incontestables qui ont permis d’accélérer les possibilités de rencontre, pour le meilleur et pour le pire…Sur ce registre, on doit d’ailleurs déplorer parfois que l’anonymat délivré et les masques utilisés par les internautes, conduisent à des comportements déviants et dangereux. Le progrès doit parfois passer par des étapes difficiles à court terme, pour le bien être futur…

> un développement durable, c’est un développement qui implique tous les citoyens autour de causes « durables » et justes. Le commerce équitable et la possibilité sur les réseaux sociaux de comptabiliser ce qui doit l’être, le prêt « équitable » ou micro-crédit (kiva, babyloan, zopa…). Les plateformes sociales sont parfaitement adaptées à ce rôle, que nombre d’entreprises bancaires refusent d’organiser (pas rentables, trop de petits dossiers, risque de solvabilité…dédain ?). Ce rôle, que peut s’attribuer tout un chacun est un parfait exemple de ce que la « masse » et l‘initiative collaborative sont capables de faire, avec passion et la motivation collective.

> le « live-sharing », et qui va s’accélérer avec la tv connectée : le partage temps réel lors des conférences, events, émissions politiques, talkshow, etc. Twitter, Balloon, Google talk, La sanction et le rythme et contenus de ces émissions et conférences peuvent même en être altérés. La participation est ici encore maximum, rendue possible par l’anonymat certes, mais aussi par la réactivité de remontée de l’information…d’où les risques de dérapages, difficiles à contrôler. Mais finalement, tout « live » contient un risque : d’avoir à dire la vérité et d’être contesté. Talent d’artiste, de conteur, de journaliste, tout ceci rend les hôtes friands de ces interventions, car elles construisent le fil, avec les « acteurs ». Un bel exemple de conversation et de social warm-up.

> la curation ou « organisation du web », un concept après tout personnel, mais qui s’enrichit au fur et à mesure de sa communauté de « curateurs » et qui du coup, tire sa force de la répétition des informations et liens, vers une organisation stabilisée du plus juste ordre des pages et données. Une sorte de journal en ligne, thématisé à outrance, qui change sa home en permanence, en fonction de l’influence des utilisateurs et experts des sujets. Ouch, dur à dire…Pearltrees et Scoop.it par exemple, sous deux angles, fédèrent des membres, experts, qui échangent leurs liens, perles, articles et les alimentent en permanence, mais au lieu de le faire sur un espace privé (blog, tribune…), ils le font « live », sur les données réelles du web…

Le village global cher à Marshal McLuhan est encore plus global qu’il ne l’espérait sans doute. Le social media grise et décuple les possibilités de globalisation du « pouvoir », qui prend forme par l’initiative individuelle et qui grandit en une force invincible. Rappelez-vous comment il a été impossible d’arrêter Wikileaks…En effet, ce global, qui est-il ? Qui le représente ? Qui l’alimente ? Le lien social.

Les plateformes sociales sont bien devenus un media, c’est sûr. Et d’une puissance inégalée, lorsqu’on regarde la croissance de l’audience…vertigineuse. C’est encore M. McLuhan qui disait « medium is message », pour nous rappeler que justement notre mémoire attachait plus d’importance au vecteur qu’au réel message, et que le vecteur jouait un rôle essentiel dans la compréhension, l’assimilation et…l’attention délivrée au message. Tout ça pour rappeler que sur ces plateformes, non seulement il y a un lien, mais aussi une aventure qui se tisse en collectif et dont nous sommes tous les héros. Il y a de la recommandation défiant tout autre système de confiance, il y a du coeur…à l’ouvrage. Et de lien, la société actuelle a besoin.

Laurent Blondeau

A propos de l’auteur :
Laurent Blondeau est fondateur de Buzzed-In, conseil en développement commercial et rédige deux blogs (Evidencesx et Buzzed-In Log), sur des thèmes comme l’innovation, le développement, le digital, les medias et la télévision, le social business. Il participe également à d’autres plateformes de contenus diverses : éducation, recherche, innovation… Professionnel de la télévision payante avec près de 15 ans dans le secteur, il travaille aujourd’hui dans les telecoms. Il est passionné par les medias sociaux comme levier d’innovation et de partage.

Contribuez au blog