Ce qu’on retient des échanges :

  • Plateformes numériques : les réseaux sociaux nourrissent la promesse d’une démocratie directe et participative.
  • Expression citoyenne : la question de l’identité de la plateforme n’est plus uniquement technique ou commerciale, mais devient hautement politique.
  • Multiplicité d’opinions : un débat démocratique constructif et structuré semble se heurter à la difficulté technique de confronter une multiplicité d’opinions et d’en faire une synthèse claire.

De la naissance du parti Podemos en Espagne, en passant par la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis, jusqu’au mouvement des gilets jaunes en France, la question du rôle des plateformes numériques et réseaux sociaux dans la vie citoyenne et politique se pose dans de nouveaux termes aujourd’hui. Alors que les civic tech, les technologies numériques supposées améliorer la prise de décisions politiques directement par les citoyens, promettaient il y a seulement quelques années un renouveau de la vie démocratique, les réseaux sociaux sont-ils aujourd’hui devenus des générateurs de fake news, de radicalité et de division ? Avec l’évolution des plateformes et des algorithmes, quels impacts précis ont-ils aujourd’hui sur les mobilisations citoyennes ? Favorisent-ils l’émergence et la structuration de nouveaux mouvements ou empêchent-ils au contraire des actions claires et efficaces ?

Il semble d’abord que la vie citoyenne en ligne crée aujourd’hui de nouvelles inquiétudes. Les récentes mobilisations seraient davantage source de radicalité, de circulation de fausses informations et de divisions que de moments de débats démocratiques apaisés. « Je trouve que dans la période actuelle, il y a quand même une prime à la radicalité », expose Clément Mabi (UTC Compiègne). « On entend de plus en plus que le débat et le consensus, ce n’est pas ce qui fait avancer les choses, alors qu’avec la pression et la radicalité on obtiendrait plus de résultats. Le web incite à faire pression sur le système », ajoute-t-il, tout en concluant pour nuancer : « Ce ne sont pas des questions nouvelles en politique : faut-il agir de l’intérieur en jouant le jeu du système, ou faire pression en en sortant ? Mais là, en ce moment, le web incite de plus en plus à la deuxième option. »

« Aujourd’hui, il n’y a pas d’objectif de clarté dans l’expression citoyenne en ligne. » Clément Mabi (UTC Compiègne)

En France, le mouvement des gilets jaunes est l’exemple récent le plus frappant d’une mobilisation sans précédent, largement organisée sur Facebook, dont personne ou presque n’avait réellement anticipé l’ampleur. Mais ailleurs dans le monde, d’autres mécaniques similaires se mettent en place, souvent à la grande surprise des élites intellectuelles, que ce soit dans les milieux médiatiques, politiques, ou même universitaires. L’élection de Donald Trump ou le vote du Brexit sont d’autres illustrations de la déconnexion qui peut exister entre les réalités des élites et celles de l’expression citoyenne.

« Il est essentiel de rappeler qu’internet, comme tout dispositif de communication, permet d’accélérer un certain nombre de tendances, mais il ne les fait pas naître », analyse Franck Rebillard (Université Sorbonne Nouvelle). « Il n’y a pas de pratiques numériques ex nihilo, elles expriment autre chose. En France, ce besoin de démocratie directe affiché par les gilets jaunes était déjà là. Auparavant, il s’exprimait entre autres par l’absence de vote, aujourd’hui il s’exprime autrement », tempère-t-il.

ENTRE-SOI ET CONSENSUS

Dominique Pasquier (CNRS) est justement l’une des rares chercheuses à avoir mené une étude poussée sur la vie numérique des classes dites « populaires » et autrice de « L’internet des familles modestes. Enquête dans la France rurale » (Presses des Mines, octobre 2018). Son panel de travail cible surtout des personnes touchant environ 1 500 euros par mois et vivant en milieu rural. Dans ce milieu, elle note l’utilisation presque exclusive de la plateforme Facebook, en permettant récemment la structuration d’un réseau qui n’existait pas auparavant. « Ça a fait éclater l’entre-soi. Beaucoup de comptes que j’étudie ont uniquement quarante amis facebook, et ce sont aux trois quarts des membres de leurs familles. Pourtant ces gens puisent aux mêmes sources les mêmes contenus, alors même qu’ils ne se connaissent pas », expose-t-elle en rappelant la corrélation qui existe entre le milieu social et le nombre d’amis Facebook, plus élevé dans les classes plus diplômées et plus urbaines.

Dans son travail, Dominique Pasquier a remarqué que les contenus partagés étaient presque exclusivement des images. « Il y a un problème de rapport à l’écrit. Ces personnes entrent dans le dispositif en écrivant très peu et en faisant circuler des contenus. On est uniquement sur de la circulation de contenus trouvés », explique-t-elle. Dès lors, avec le changement d’algorithme de Facebook intervenu début 2018[1], la circulation de certains contenus a pu devenir extrêmement virale au sein de cercles fermés, peu importe l’authenticité ou l’émetteur du contenu. Les mêmes contenus circulent en boucle au sein des mêmes groupes, ce qui peut expliquer la déconnexion et l’incompréhension totale qu’on observe entre plusieurs classes sociales partout dans le monde.

Certaines analyses laissent même penser que le changement d’algorithme de Facebook a pu directement influencer la victoire de Donald Trump[2]. En France, pour ce qui est des gilets jaunes, l’effet est encore difficile à mesurer. Mais certaines tendances se dessinent. « Sur Facebook, il y avait un nombre très important d’utilisateurs qui avaient un petit réseau. Le changement d’algorithme de la plateforme leur a donné d’un seul coup une visibilité très forte en très peu de temps. C’est un élément important pour comprendre comment le mouvement des gilets jaunes a pu exploser en ligne en si peu de temps », poursuit Clément Mabi (UTC Compiègne).

« Cet entre-soi a fait que Facebook était un endroit où l’on recherchait le consensus avant tout, mais certainement pas le débat. Je pense que ce qui se passe dans les groupes Facebook de gilets jaunes aujourd’hui n’est pas très loin de cet entre-soi. » Dominique Pasquier (CNRS)

Dès lors que ces groupes se structurent et obtiennent une visibilité accrue, quelles formes de processus démocratique se développent en leur sein ? L’une des principales nouveautés, également portée par les civic tech, réside dans la promesse d’une démocratie directe et participative, et non plus représentative, comme l’impose par exemple la constitution française. Or, on constate tout de même que des leaders émergent et se démarquent. Maxime Nicole, connu en ligne sous le nom de Fly Rider, a par exemple rapidement été identifié comme l’une des figures du mouvement des gilets jaunes[3]. Cette position de leader s’est un peu construite malgré lui, ce dernier disant ne représenter que la synthèse d’opinions d’un groupe Facebook dont il est administrateur. Clément Mabi a étudié la question de la construction des leaderships dans ces nouveaux mouvements citoyens en ligne, et a constaté qu’elle s’établissait par épreuves successives. « Ces administrateurs deviennent parfois des guideurs informels. La première étape est une étape de ressemblance, il faut avant tout que les personnes représentées puissent s’identifier à celui qui les représente. Il y a ensuite une épreuve délibérative : l’administrateur doit rendre des comptes, en étant en permanence en échange avec ceux qu’il représente », explique Clément Mabi (UTC Compiègne). « On s’intéresse moins à leurs qualités qu’à leurs caractéristiques. Les gens attendent surtout qu’ils leur ressemblent et leur rendent des comptes. Ce qui est intéressant c’est que ces nouveaux statuts de leader sont fragiles. Ils ont besoin d’être entretenus en permanence pour tenir », ajoute-t-il. En effet, pour Maxime Nicole par exemple, ou pour Pablo Iglesias avec le parti Podemos, les premières critiques virulentes sont arrivées au sein même du mouvement au moment où ils ont commencé à exister en tant qu’individus, à jouer le jeu du système médiatique traditionnel, et à rendre leurs opinions personnelles plus visibles.

« On a tout un tas de réflexes de la démocratie délibérative et représentative. Mais aujourd’hui, certains de ces mécanismes sont rejetés. Internet permet à la fois la démocratie représentative, mais également une forme de démocratie directe. » Franck Rebillard (Université Sorbonne Nouvelle)

Avec les réseaux sociaux, l’expression citoyenne n’a jamais été aussi prolifique. De plus en plus de personnes ont la possibilité de s’exprimer et de prendre la parole. Mais sur quelle forme d’action démocratique cela débouche-t-il exactement ? L’expression en ligne permet-elle vraiment un échange de points de vue et la construction d’une opinion commune ? Les spécialistes interrogés observent tous que les mouvements actuels ne sont pas exactement des moments de débat. « La notion de débat est au centre des interrogations. Dans la démocratie telle qu’on la connaît, le débat est extrêmement influencé par la représentativité : par exemple, deux candidats à l’élection présidentielle se font face sur un plateau de télévision, et représentent chacun une partie de l’opinion. Ce débat direct est aujourd’hui littéralement impossible sur internet. Car la question de la synthèse des opinions est extrêmement compliquée à mettre en œuvre. Le débat dans cette forme là est limité à un nombre d’individus réduit. C’est une mise en scène insatisfaisante, car on manque d’opérateurs de synthèse. Soit tout le monde est d’accord, soit on est dans le coup de force », analyse Jean-Maxence Granier, directeur de Think Out. La mise en place d’un véritable débat démocratique constructif et structuré semble donc se heurter aux mêmes difficultés que les civic tech, notamment la difficulté technique à confronter une multiplicité d’opinions et à en faire une synthèse claire.

« Le prix à payer pour faire l’unité sur internet a été d’essentialiser le processus démocratique, ou en tout cas de le mettre sous pression. » Clément Mabi (UTC Compiègne)

Cette rarification du débat au profit de la multiplication de l’expression en ligne a également été constatée par Dominique Pasquier (CNRS). Dans son étude, elle observe que la circulation des contenus qui deviennent viraux s’explique surtout par l’adhésion du public. « Il n’y a pas de débat. À sa mise en ligne, le premier message reçoit du consensus ou pas, et c’est ce qui va permettre qu’il circule. S’il y a une réaction positive, il y a une promesse de circulation », détaille-t-elle. « Pour faire circuler un message, il faut passer l’épreuve de convaincre son public. L’autorité passe davantage par la capacité de conviction que par la force de l’argument et l’identité de la personne qui le prononce à la base », abonde Clément Mabi (UTC Compiègne).

CIRCULATION PAR ADHÉSION ET EFFACEMENT DE L’IDENTITÉ

Avec des contenus de plus en plus multiples et de plus en plus viraux, parfois l’identité même de l’émetteur devient floue. « Les contenus les plus partagés sont très particuliers. Ce sont beaucoup de morales sur la vie, l’amour et l’amitié. Ce sont souvent des citations dont on ne connaît même pas l’auteur. Ce sont des formats qui ne viennent de nulle part, mais avec toujours une injonction à partager à la fin », remarque par exemple Dominique Pasquier (CNRS). « Mais il y a tout de même une forte corrélation entre le niveau d’éducation et la création de contenus en ligne. Quand quelqu’un intervient en ligne, là encore il y a de la sélection sociale et scolaire derrière », précise-t-elle, se référant notamment au phénomène de fossé de la participation digitale (digital participation gap[4]). Si la masse de contenus est vertigineuse, et l’identité des émetteurs de plus en plus floue, sur les plateformes les chercheurs identifient tout de même des tendances lourdes dans les types de contenus qui sont émis et la façon dont ils circulent. « C’est un dispositif qui a suscité l’essentialisation : la circulation d’émotions, de choses plus lisses. Ce sont des contenus qui n’ont pas forcément raison en politique. D’où l’importance d’avoir un autre discours à proposer en face », analyse Clément Mabi (UTC Compiègne). « Il y a un véritable évanouissement de l’auteur. On est plutôt dans de la circulation, simplement guidée par de l’adhésion et du like », poursuit Jean-Maxence Granier (Think Out).

Selon Franck Rebillard (Université Sorbonne Nouvelle), cette dilution de l’identité de l’émetteur n’est pas simplement une conséquence de la viralité, elle est encouragée par l’ergonomie même des plateformes. « Depuis l’apparition du format .XML, on a des contenus qui sont modulables et réagençables. Désormais on a de plus en plus de contenus natifs, mais directement à partir des injonctions des plateformes pour les couler dans leur modèle éditorial », explique-t-il. « En faisant cela, il y a une certaine forme d’uniformité qui se crée. Cela va avoir pour conséquence qu’un certain nombre d’utilisateurs vont voir la source qui fait autorité, tandis que d’autres vont être plongés dans le flou. Les plateformes ont besoin de moduler les contenus pour pouvoir mieux faire tourner leur modèle économique. Mais pour que ça tourne, il faut qu’il y ait cette dilution éditoriale, avec le problème de la dilution de l’autorité médiatique que cela entraîne », poursuit-il. Une récente étude souligne que lorsque des contenus journalistiques sont lus directement sur le site d’un média, 81% des lecteurs se souviennent du média sur lequel ils ont vu le contenu. Or, lorsque les lecteurs consultent le contenu sur un moteur de recherche, ce chiffre tombe à 37%, et à 47% lorsqu’il est consulté sur un réseau social.

« Les plateformes formatent énormément les mobilisations citoyennes. Dans chaque mobilisation, il y a beaucoup de dénominateurs communs. » Clément Mabi (UTC Compiègne)

Si ces mobilisations citoyennes ont tendance à s’uniformiser et à s’anonymiser, à quoi ressemblent-elles concrètement ? Avec des contenus largement appelés à circuler grâce aux likes, à l’adhésion dictée par l’émotion, l’indignation occupe une place particulièrement centrale dans la circulation des opinions politiques en ligne. Avec l’actualité et la politique, les sources d’indignation sont infinies, mais certaines semblent fédérer plus que d’autres et marquer l’histoire récente, avec des mots clés devenant des mouvements à eux seuls : #MeToo, #JeSuisCharlie, #BlackLivesMatter … Ces hashtags sont des illustrations particulièrement significatives des tendances décrites par les chercheurs : ils n’ont pas de leader, ils se répandent de façon ultra virale par adhésions successives, on ne connaît pas leurs auteurs, ils ne sont pas la résultante d’un long débat mais plutôt d’un mouvement spontané, et ils s’uniformisent avec le temps. « Selon moi, on assiste à des phénomènes d’essentialisation avec effets de flux. Ce qu’on va réussir à capter, de sont des rassemblements éphémères autour de mots clés. C’est une essentialisation qui se rend visible par le rassemblement », décrypte Clément Mabi (UTC Compiègne). « L’un des effets pervers, c’est que cela peut aussi finir par décrédibiliser ces mobilisations au final. À force d’indignations à répétition, le risque c’est que les citoyens estiment avoir fait le nécessaire en s’étant indignés en ligne, puis se démobilisent ensuite. On constate que la mobilisation fonctionne, mais est-ce que cela fait vraiment vivre la démocratie derrière ? » interroge-t-il.

« Le mouvement des gilets jaunes est insurrectionnel car il remet en cause les procédures démocratiques habituelles de choix, d’expression et de revendication. Mais au fond, il révèle surtout que les gens ont besoin d’espaces d’expression qu’ils ne trouvent pas autrement. Les échanges sur les ronds-points, sur Facebook ou YouTube, ont peut-être constitué un moment de politisation hétérodoxe pour nombre de personnes écartées de la chose publique, qui ont fait l’expérience d’un agir collectif. »

Lorsque de tels mouvements voient le jour, la question numérique centrale qui se pose devient celle de la meilleure plateforme capable de les structurer. Facebook semble aujourd’hui incontournable, bien que cela ne soit visiblement pas la plateforme la plus démocratique dans son ADN. « Facebook est très efficace parce qu’il est totalitaire dans son fonctionnement. Et en même temps il ne représente qu’une couche très fine du public. Même s’il n’y a que 10 000 personnes actives, ils peuvent avoir un relayage de leurs images extrêmement important. C’est une problématique d’occupation de l’espace. Facebook est devenu un espace public qui donne l’impression qu’il appartient à tout le monde alors qu’il est détenu par une société privée. Est-ce qu’on peut encore laisser quelque chose d’aussi important dans les mains d’une société privée aujourd’hui ? », interroge Jean-Maxence Granier (Think Out).

Cette question de l’identité de la plateforme n’est pas uniquement technique ou commerciale, mais devient hautement politique. Le fait que certains gilets jaunes refusent d’utiliser la plateforme créée par le gouvernement français pour l’organisation du grand débat national montre la tension que cela peut créer[5]. « Les gilets jaunes disent ne pas vouloir déléguer leurs opinions et les synthétiser, car cela est immédiatement assimilé à des compromissions. L’idée qu’il y ait une décision collective qui va rencontrer l’adhésion complète n’est pas évidente », explique Franck Rebillard (Université Sorbonne Nouvelle). D’autres alternatives existent pourtant, comme Decidim, une plateforme créée dans la lignée du mouvement des indignés espagnols et du parti Podemos, mais elles sont encore loin de faire l’unanimité et de se répandre. Dans le cas des gilets jaunes et de l’organisation du débat national, les civic tech semblent être paradoxalement totalement passées à côté d’une opportunité de répondre à leur promesse.

La tension actuelle sur le choix de la plateforme permettant d’organiser le grand débat national en France esquisse une prédiction anticipée par plusieurs chercheurs : un contrôle des plateformes par l’État de plus en plus fort. « Les réseaux sociaux ont tellement réussi à influencer les élections dans certains pays, que les États reviennent en force avec de la régulation. Comment mettre en place un processus participatif quand dans le même temps il est bombardé de fake news par des puissances étrangères ? Si on ne peut pas réguler les coups bas de l’internet, il va être difficile de mettre des nouvelles choses en place. Je pense que les États vont revenir au combat face aux GAFA », analyse Clément Mabi (UTC Compiègne). De la loi anti fake news en France aux enquêtes du FBI sur l’ingérence russe dans l’élection de Donald Trump, la mobilisation citoyenne devient en effet un sujet de préoccupation majeur pour les dirigeants mondiaux, et va probablement être de plus en plus surveillée.

Par Brice ANDLAUER

[1] https://www.forbes.com/sites/kathleenchaykowski/2018/01/11/facebook-focuses-news-feed-on-friends-and-family-curbing-the-reach-of-brands-and-media/#16bedcb15b69

[2] https://www.washingtonpost.com/news/politics/wp/2018/03/22/all-the-ways-trumps-campaign-was-aided-by-facebook-ranked-by-importance/?utm_term=.a6428e77ebdd

[3] https://www.lesinrocks.com/2018/11/27/actualite/qui-sont-les-8-portes-paroles-des-gilets-jaunes-111147206/

[4] https://www.edsurge.com/news/2018-10-16-we-re-closing-the-digital-divide-now-let-s-end-the-participation-gap

[5] https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/01/21/face-au-grand-debat-des-gilets-jaunes-lancent-leur-propre-plateforme_5412451_4408996.html