SMC #Focus – Clubhouse: où en est-on?

Ce que l’on retient des échanges :

  • L’audio, l’interactivité et la récurrence des rendez-vous créent une relation authentique et privilégiée entre les interlocuteurs et favorisent la rétention de son audience
  • Clubhouse est un bon levier de networking, à intégrer dans le cadre d’une stratégie multicanale
  • Former ses collaborateurs et développer leur personal branding favorisent la visibilité et la  légitimité de sa marque sur la plateforme.

Avec 13 millions de téléchargements en mars 2021 et 50 000 utilisateurs en France, Clubhouse place l’audio au cœur de la pratique du Social Media et devient la nouvelle alternative aux plateformes sociales traditionnelles. Comment expliquer le succès fulgurant de ce réseau social qui s’organise sous la forme de salons de discussions où l’on communique par la voix, en direct ? Comment les marques s’emparent-elles de la plateforme? 

 

Le fonctionnement de Clubhouse

L’application Clubhouse est une plateforme 100 % audio : Floréal Hernandez, rédacteur en chef adjoint chez 20 minutes, la compare à une «radio interactive.» Différents types de « salles » virtuelles existent : la «social room», la «close room» et l’ «open room». Au sein de cette dernière, une thématique est définie en amont, autour de laquelle des intervenants discutent. «Un modérateur permet d’ajouter ou de retirer certains speakers, de couper le micro ou de donner la parole aux auditeurs s’ils souhaitent intervenir», explique Clémence Boxberger, Senior Marketing Acceleration Specialist chez Fabernovel. Selon elle, la plateforme permet « de partager un savoir, d’échanger sur des nouveaux usages, de trouver des solutions sur des problématiques concrètes, mais également peut-être un bon levier pour fidéliser une clientèle du côté des entreprises.»

Camille Lambert, consultante en gestion de projet chez SCIAM, définit 3 types d’auditeurs : les auditeurs libres, passionnés par un sujet spécifique, les individuels dont le but est de développer leur stratégie business, et les entreprises. Elle déconseille d’ailleurs de s’exprimer en tant qu’entreprise : «je recommande de ne pas se présenter comme une marque, mais comme quelqu’un qui travaille pour cette marque et ainsi développer le personal branding.»

Quelles stratégies pour être visible sur l’application? Pour Fabien Ferreira, modérateur et speaker Growth & Sales sur Clubhouse, il s’agit de se constituer un réseau ciblé et de travailler sa biographie. Selon lui, l’onboarding est très important. Les mots-clés utilisés dans la biographie, notamment les premiers, ont un impact SEO à ne pas négliger. Il conseille également de modifier l’username : «nous avons tendance à le personnaliser par son nom et son prénom, sauf que l’username reech énormément, il est donc astucieux de l’utiliser en insérant un ou deux mots-clés.»

Concernant le réseau, Clémence Boxberger (Fabernovel) conseille de suivre la communauté de créateurs de la plateforme (comme Secret CH) : «ce sont les premiers créateurs qui connaissent le mieux les codes de la plateforme, qui y ont investi le plus de temps et qui vont donc pouvoir parler de votre marque plus facilement tout en trouvant des systèmes pour la mettre en valeur, que ce soit par du sponsoring ou des concours par exemple.»

 

Quelles opportunités pour la marque?

Le succès de Clubhouse s’inscrit dans cet intérêt croissant pour l’audio, accentué par les différents  confinements. Clubhouse est une nouvelle manière de communiquer et d’échanger, en se concentrant sur la voix de ses interlocuteurs uniquement. «C’est le réseau le plus social que je connaisse. La relation authentique et le lien créé avec l’audience va lui donner envie de venir vous écouter à nouveau», témoigne Clémence Boxberger (Fabernovel). Pour Camille Lambert (SCIAM), «l’authenticité est beaucoup plus grande grâce à la voix ce qui permet de remarquer immédiatement si une marque est là pour vendre, pour échanger sur sa passion ou échanger avec les clients.»

C’est pour cela qu’il peut être pertinent pour la marque de faire de l’employee advocacy et de former ses collaborateurs, ce que conseille Clémence Boxberger (Fabernovel) qui a organisé une session sur l’application afin de faire comprendre aux employés son fonctionnement : «vos talents et vos meilleurs ambassadeurs peuvent être formés pour parler de votre marque.»

 

Quel ROI? 

La récurrence des événements est essentielle pour  fidéliser son audience. Fabien Ferreira s’appuie sur le fait que ce n’est pas le nombre d’auditeurs dans les rooms qui comptent, mais «la rétention, qui se construit, en créant des rendez-vous réguliers.» L’avantage de l’application est que l’on peut mesurer cette audience, bien «qu’il n’y ait pas de ROI direct» d’un point de vue financier. Pour Camille Lambert (SCIAM), le ROI se mesure sur le long terme. Elle précise: «pour moi, Clubhouse est davantage un moyen de faire du networking, qu’il faut percevoir comme un complément, mais pas comme un canal unique.»

 

L’avenir de la plateforme

Nous pouvons observer depuis quelque temps un ralentissement du nombre de téléchargements, de rétention et d’acquisition. Josselin Moreau, co animateur de cette session et head of strategy chez TSC, souligne, «Facebook et Twitter sont en train de développer des fonctionnalités similaires. Est-ce une offensive à laquelle l’application peut résister ?». Pour Fabien Ferreira, «Tiktok s’est également fait copié sur son format, mais existe toujours, se faire copier est un bon signe.» En revanche, sa grande difficulté à proposer une application sur Android est pour Fabien Ferreira le signe que Clubhouse ne suivra peut-être pas face au poids et aux  moyens de ses concurrents.

Certaines marques n’y ont cependant pas trouvé d’intérêt. Se positionner sur la plateforme nécessite des moyens humains importants. L’exercice de la prise de parole en live requiert des compétences spécifiques. Néanmoins, «il est possible de rencontrer sur Clubhouse des personnes que nous n’aurions jamais pu rencontrer en vrai. Faire une veille technologique et notamment dans les autres pays sur vos concurrents devient très accessible».

 

En définitive, que Clubhouse perdure ou non, «il y a un enjeu à travailler sur le concept de l’audio et à comprendre les codes des plateformes dédiées», pour Clémence Boxberger (Fabernovel). En tant que marque, des opportunités sont à saisir si les codes d’utilisation sont respectés. Il faut néanmoins rester vigilant, sa faillibilité technique pouvant conduire à ce que d’autres plateformes sociales s’emparent du format.

 

Cette session animée par Josselin Moreau, head of strategy & experience et Jean-Baptiste Ong, head of social media, chez TSC a eu lieu le vendredi 21 mai  2021 en visioconférence. Avec Clémence BoxBerger, Senior Marketing Acceleration Specialist – Fabernovel, Floréal Hernandez, Rédacteur en chef adjoint – 20 minutes, Fabien Ferreira, Growth & sales hacker – station F et Camille Lambert, directrice de projet stratégique en finance de marché – SCIAM. Compte rendu rédigé par Maëva Dussault.